Les prêts pourris de la BEI (suite)

Publié: 02/03/2010 dans A suivre
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(Les Amis de la Terre)

Mufulira (Zambie), éventrée et polluée par une mine de cuivre qui a été financée par la BEI

 

[Droit de suite…] La mégabanque de l’Union européenne qui finance des projets pourris en Afrique en passant par des paradis fiscaux, ça vous interpelle? C’était l’objet, l’été dernier, d’un rapport salé d’une coalition d’ONG (Counter Balance) à propos des prêts douteux de la BEI, la Banque européenne d’investissement, en Afrique.

Il révélait une nouvelle facette de la domination occidentale: l’irruption obscène de la haute finance institutionnelle — de l’argent public garanti par les budgets des 27 Etats membres — dans la surexploitation des ressources africaines, causant des désastres pour l’environnement et aggravant du même coup le fossé entre nantis et démunis. Inutile de dire que la BEI, sur des projets bien particuliers, est en contradiction avec ses propres règles « éthiques », tant au niveau social qu’écologique. Deux mois plus tard, en août, elle reconnaissait ses torts du bout des lèvres. Et début février 2010, magique, elle changeait sa «politique de transparence».

 

"La BEI est inadaptée au Sud"

 

Counter Balance vient de récidiver début mars avec une nouvelle salve: « Pourquoi la BEI est inadaptée au Sud » (.pdf). Un contre-rapport, en fait, car une semaine plus tôt Michel Camdessus, ex-directeur ultralibéral du FMI, remettait sa copie en tant que chef d’un « comité des sages » (sic), chargé de réformer les prêts de la BEI hors de l’UE, préconisant de créer une « banque du développement » à l’instar des USA.

Verdict des ONG: «La BEI doit promouvoir le développement soutenable et la réduction de la pauvreté dans les pays du Sud. Mais aujourd’hui, ce n’est pas ce qu’elle fait. Elle se contente d’un modèle archaïque basé sur des prêts à de grosses multinationales, des soutiens aux industries extractives et aux énergies fossiles, ou des lignes de crédits totalement opaques à des intermédiaires financiers. Elle manque totalement d’expertise environnementale et sociale et n’est pas compétente pour intervenir dans les pays en développement. »

Le rapport rappelle par exemple (page 10) l’histoire du vaste complexe minier de Tenke Fungurume Mining (cobalt et cuivre) au Congo Brazzaville , financé à hauteur de 100 millions d’euros alors que le consortium (principal actionnaire: le leader mondial Freeport McMoran) avait son siège aux îles Bermudes. Consultation de la population? Documents en français, alors que la population parle le swahili. Des gens « déplacés » d’office n’ont pas été relogés. Salaires de misère, heures sup non payées, la plupart non déclarés. Les rares projets sociaux (rénovation d’école, dispensaires…) sont jugés inadéquats par les ONG.

Autre exemple de gestion légère, très légère, d’un projet d’aménagement calamiteux: le barrage de Bujagali, en Ouganda (page 16). Outre les problèmes de déplacements de population, qui n’ont pas tous été, comme promis, dédommagé, le rapport indique que les prévisions sur le rendement énergétique prévu à l’origine vont conduire à des tarifs d’électricité hors de portée des populations. Alors que la BEI avait garanti que ce projet participerait à tous, et réduirait la pauvreté des populations. «Le projet a non seulement échoué dans l’amélioration des conditions de vie des populations concernées [par le barrage], mais il a eu des impacts économiques et sociaux négatifs qui n’ont pas été suffisamment pris en compte.»

commentaires
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