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Ce bon vieux bulletin lambda

Publié: 05/02/2013 dans A l'arrache
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bulletin lambda 1995-2004

1995, un journaliste boulimique décide d’utiliser un modem et un serveur libre – freenix.fr, merci les gars – pour partager des infos pas dégueux sur la face orwellienne de l’informatique. Cette lettre d’info, parfois bilingue, s’échange d’abord par email et dans usenet, et s’archive sur le web, via ftp. C’était le bulletin lambda. Un truc qu’on appellerait « blog » de nos jours. Il a du s’arrêter lors de sa 9ème année, en 2004.

NB: Les archives, après quelques couacs ces temps-ci, sont hébergées à partir de 2013 sur Toile-libre.org: http://lambda.toile-libre.org/bulletin

Le reste, tout ce qui est un peu plus contemporain, ça se passe sur Reflets.info

(première publication 8/01/2009)

Avis de recherche des "casseurs de métiers" (1811)

«Par justice pour l’humanité, nous pensons de notre Devoir Sacré de vous avertir qu’au cas où vous ne Prendriez Pas des mesures pour Enlever les Machines d’Apprêt Dans un délai de Sept Jours […] votre fabrique avec tout ce qu’elle Contient sera Mise à feu à coup Sûr. […] Nous ne Désirons Point vous Causer le Moindre Tort, mais nous avons la ferme Détermination de Détruire Et les Machines d’Apprêt et les Métiers Mécaniques quels qu’en soient les Propriétaires […]»

C’est avec une certaine délectation que nous reproduisons ici une lettre anonyme déposée chez un fabricant textile de Stockport, dans la région de Manchester. Elle est datée du 19 avril de l’an de grâce… 1812. Il y a 200 ans, au jour près.

Elle fut signée « Général Justice », mais elle émane à n’en pas douter d’un des bataillons du mystérieux Ned Ludd, chef d’une armée de l’ombre composée de tisserands anglais qui se révoltaient contre la dépossession de leurs savoir-faire par l’arrivée massive de machines à filer et à tricoter. Les « luddites » agissaient dans un « triangle » situé au cœur des campagnes anglaises, siège d’une révolution industrielle embryonnaire, entre Manchester au nord-ouest, York à l’est et Nottingham au sud. Parfois, les tracts étaient signées « Forêt de Sherwood », la célèbre forêt de Robin des Bois, dont le mythe servi aux soldats de Ned Ludd pour assoir sa légitimité. […]

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(credit fhermeni/flickr)

Revenons un instant sur la polémique du « fichier des gens honnêtes », actuellement en débat au parlement à l’occasion d’un texte de loi qui préfigure la future carte d’identité électronique (CNIE). Destinée officiellement à « protéger l’identité » comme est censé le faire la « vidéoprotection » dans l’espace public, ce projet de loi devrait être définitivement adopté dans les prochains jours. La question, déjà abordée ici même et ailleurs, revient à connaitre le statut juridique d’un vaste fichier de population constitué par les données d’état civil et biométriques des demandeurs de passeport ou de CNIE.

La question est donc de savoir si la base de données TES (titres électroniques sécurisés, mêlant à terme CNIE et passeports, et plus tard sans doute les permis de conduire) pourra être mise à disposition de la police judiciaire et des procureurs pour identifier une personne « suspecte » dont la photo numérique ou les empreintes digitales ont été capturés sur une scène de crime ou dans un tout autre cadre qu’un renouvellement de pièce d’identité. (…)

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A la mi-décembre, le gouvernement a fait preuve d’une franchise inhabituelle. Environ 10% des passeports biométriques en circulation seraient des faux, selon un « dossier » qui a fait la une d’un grand journal d’investigation, Le Parisien. Un chiffre qui a fait l’objet d’un démenti du ministère de l’Intérieur. Mais sur le principe de la possibilité de la fraude, on est d’accord place Beauvau:

Des chiffres « très alarmistes » catégoriquement démentis par le ministère de l’Intérieur et qualifiés de « totalement farfelus, à des années-lumière de la réalité ». La Place Beauvau, qui « ne nie pas qu’on puisse se faire indûment remettre un passeport », refuse de dévoiler ses propres statistiques « pour des raisons de confidentialité ».

Les soldats de l’anti-fraude savent pourtant que même si un seul de ces passeports ne correspond pas à l’identité du porteur, c’est toute la confiance de l’ensemble de a chaîne qui s’effondre. Mais diable, comment donc cette merveilleuse technique d’authentification numérique — que l’on nous vend sans cesse comme « infalsifiable » — a-t-elle pu se laisser abuser?

Requalification, revitalisation, rénovation, revalorisation, regénération, renouvellement, renaissance, reconquête…

Derrière ces mots en « Re » se profile la ville de demain, ou plutôt d’aujourd’hui. La novlangue urbaine est au pouvoir. Le sociologue Jean-Pierre Garnier s’est spécialisé dans les politiques urbaines et a passé une bonne partie de sa carrière à décrypter les discours des urbanistes, architectes ou autres « aménageurs » de l’espace public — placés sous la tutelle des élus locaux et de leurs premiers « partenaires », les groupes de BTP. Dans un essai paru cette année sur Article11, il recomposait ce langage dans un « lexique techno-métropolitain », sorte de dictionnaire « au service de l’ordre urbain ».

Jean-Pierre Garnier s’est confié à Arte Radio dans un document sonore qui résume très bien les enjeux de cette nouvelle « sémantique » — à écouter en lisant ce qui suit.

* Rythmé avec des extraits d’un JT de l’ORTF de 1964 (Canal St Martin), d’un reportage de FR3 sur la rénovation du quartier Fourvière de Lyon (2003), d’un autre de FR3 Paris sur la mode des « tours écolos » (2008), et d’un film de propagande de l’ANRU avec la voix doucereuse de Serge Moatti (à voir ici, illustration parfaite de cet article).

Les contours de la LOPPSI-3, la prochaine loi sur la sécurité intérieure qui devrait donner le ton de la campagne présidentielle, se matérialisent plus nettement. D’abord avec la sortie fort opportune d’un « Livre Blanc » signé par l’incontournable Alain Bauer, et ensuite par le service après-vente assuré en personne par le Sinistre de l’Intérieur Claude Guéant.

Au programme, en vrac : inscrire dans la loi un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans, alourdir les peines planchers, exploitation du vidéoflicage pour créer un fichier des « empreintes faciales », traiter les manifestants comme des hooligans, etc.

Ce fameux « Livre Blanc » (doc PDF – bizarrement absent du site du ministère) est en fait co-signé par le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, et Alain Bauer, véritable fou du Roi en matière de sécurité, publique comme privée.

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Paris, nov. 2010 (credit J. Brygo)

« En 2011 en France les manifestations sont encore encadrées par un décret du 23 octobre 1935, signé par le président du Conseil de l’époque, Pierre Laval, qui fut fusillé pour “trahison” le 15 octobre 1945 à la célèbre prison de Fresnes. »

Mais quel est donc cet imprudent qui se permet de faire de tels raccourcis historiques… Pas fou non! Il y en a qui regrettent encore d’avoir comparé la politique de l’immigration actuelle à la période de Vichy… Cette belle déclaration provient d’une publication juridique plutôt sérieuse, ECHR News, qui décrypte au long cours les multiples atteintes à la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). Son dernier papier, même s’il comporte un point d’interrogation, est une nouvelle saignée de l’État de droit à la française.

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«Pour réduire la fraude, le premier impératif me paraît être la sensibilisation des acteurs des prestations sociales (…). Cette culture du contrôle, de la sanction, du ciblage, que l’on connaît dans l’administration fiscale, doit se répandre chez les prestataires sociaux.

«Cette révolution culturelle me semble bien partie. Dès le moment où les acteurs des prestations sociales – qui sont les seuls à maîtriser l’information – arriveront à détecter précocement les fraudes, nous pourrons avoir une action beaucoup plus pertinente, y compris sur le plan judiciaire.»

Non, raté. Celui qui parle ainsi n’est pas Xavier Bertrand, ni même l’un des soldats du groupe Droite populaire comme Thierry Mariani, en verve cet été en pour relancer l’idée de la traque aux « fraudeurs sociaux ». […]

Texte tiré du n°5 de la Revue Z qui accompagne une cartographie inédite des fichiers administratifs français (Data: J. Thorel (Privacy France) / conception graphique: Bureau d’études).

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Les « fauteurs de trouble » qui sévissent lors des principaux sommets internationaux font l’objet d’une attention toute particulière de la part des vénérables institutions de l’Union européenne. Il y a quelques mois, avant le sommet du G8 de Deauville, j’avais eu l’occasion de raconter comment les pays membres, via le Conseil des ministres et ses différents groupes d’experts policiers, entendaient créer une base de données croisée pour cibler les troublemakers habitués aux rassemblements anticapitalistes. Statewatch, ONG britannique en pointe sur ce dossier, révèle aujourd’hui un autre volet de cette coopération policière. (…)

Si les fichiers policiers ont le vent en poupe, le recours aux méthodes plus traditionnelles de répression policière restent encore d’actualité. C’est l’objet d’une autre analyse passionnante de Statewatch, livrée en février dernier (document PDF en anglais), sur des commandos de flics infiltrés pour surveiller ce qui est appelé ouvertement les « euro-anarchistes ».

Depuis 2007 le gouvernement multiplie les mesures paternalistes et autoritaires pour éradiquer la délinquance. Le texte le plus exemplaire est celui de mars 2007, la loi de prévention de la délinquance (LPD), que Sarkozy a mis près de 5 ans à mijoter, dès son entrée en fonction au ministère de l’Intérieur en mai 2002. Plus de quatre ans après le vote de ce texte, c’est le cafouillage total. Le mouvement Antidélation, un réseau de travailleurs sociaux qui s’est battu contre ce texte tout au long de sa gestation, a dénoncé fin juillet les faux semblants des mesures de la LPD.

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