Articles Tagués ‘fichiers’

(credit fhermeni/flickr)

Revenons un instant sur la polémique du « fichier des gens honnêtes », actuellement en débat au parlement à l’occasion d’un texte de loi qui préfigure la future carte d’identité électronique (CNIE). Destinée officiellement à « protéger l’identité » comme est censé le faire la « vidéoprotection » dans l’espace public, ce projet de loi devrait être définitivement adopté dans les prochains jours. La question, déjà abordée ici même et ailleurs, revient à connaitre le statut juridique d’un vaste fichier de population constitué par les données d’état civil et biométriques des demandeurs de passeport ou de CNIE.

La question est donc de savoir si la base de données TES (titres électroniques sécurisés, mêlant à terme CNIE et passeports, et plus tard sans doute les permis de conduire) pourra être mise à disposition de la police judiciaire et des procureurs pour identifier une personne « suspecte » dont la photo numérique ou les empreintes digitales ont été capturés sur une scène de crime ou dans un tout autre cadre qu’un renouvellement de pièce d’identité. (…)

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«Pour réduire la fraude, le premier impératif me paraît être la sensibilisation des acteurs des prestations sociales (…). Cette culture du contrôle, de la sanction, du ciblage, que l’on connaît dans l’administration fiscale, doit se répandre chez les prestataires sociaux.

«Cette révolution culturelle me semble bien partie. Dès le moment où les acteurs des prestations sociales – qui sont les seuls à maîtriser l’information – arriveront à détecter précocement les fraudes, nous pourrons avoir une action beaucoup plus pertinente, y compris sur le plan judiciaire.»

Non, raté. Celui qui parle ainsi n’est pas Xavier Bertrand, ni même l’un des soldats du groupe Droite populaire comme Thierry Mariani, en verve cet été en pour relancer l’idée de la traque aux « fraudeurs sociaux ». […]

Texte tiré du n°5 de la Revue Z qui accompagne une cartographie inédite des fichiers administratifs français (Data: J. Thorel (Privacy France) / conception graphique: Bureau d’études).

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Les « fauteurs de trouble » qui sévissent lors des principaux sommets internationaux font l’objet d’une attention toute particulière de la part des vénérables institutions de l’Union européenne. Il y a quelques mois, avant le sommet du G8 de Deauville, j’avais eu l’occasion de raconter comment les pays membres, via le Conseil des ministres et ses différents groupes d’experts policiers, entendaient créer une base de données croisée pour cibler les troublemakers habitués aux rassemblements anticapitalistes. Statewatch, ONG britannique en pointe sur ce dossier, révèle aujourd’hui un autre volet de cette coopération policière. (…)

Si les fichiers policiers ont le vent en poupe, le recours aux méthodes plus traditionnelles de répression policière restent encore d’actualité. C’est l’objet d’une autre analyse passionnante de Statewatch, livrée en février dernier (document PDF en anglais), sur des commandos de flics infiltrés pour surveiller ce qui est appelé ouvertement les « euro-anarchistes ».

Ztohoven — autre mot à double sens, les 100 merdes et sortir de là —, est un groupe de perturbateurs artistiques qui sont plutôt connus, depuis près de 10 ans, pour détourner les symboles dans l’espace public physique. Avec Občan K, ils ont sauté à pieds joints dans le grand merdier numérique. (…)

Travailler sur la signification de l’identité, pour ces jeunes qui sont tous nés pendant le régime communiste — ils ont entre 25 et 35 ans — est une nécessité historique. Ils rappèlent que la première občanka de l’histoire tchèque date de 1941, sous l’occupation d’Hitler — la nation tchécoslovaque n’ayant vécu qu’une petite vingtaine d’années sous un régime de démocratie parlementaire (1918-38), avant de se faire envahir par le 3ème Reich.

L’občanka biométrique tchèque — qui ressemble parfaitement à celle mise en place en 1994 en France par Charles Pasqua… — est biométrique par le seul visage numérique. Jouons donc avec ce visage, décident en choeur les Ztohoven après l’épisode Média Realité. Ils vont donc parvenir à obtenir, tout à fait légalement, 12 cartes d’identité officielles mais totalement imaginaires. La photo qu’ils ont fourni aux autorités pour la fabriquer est la clé de la supercherie. Cette photo est le résultat d’un parfait morphing — réalisé sur PC avec un logiciel en vente libre.

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Voilà que l’affaire du « fichier des primaires » du Parti socialiste refait surface. Il fallait bien signer la fin du débat sur l’islam (pardon, la laïcité), alors JF Copé, chef du politburo de l’UMP — suivi par le président du Sénat aujourd’hui — s’est interrogé sur la « légalité des primaires socialistes ». Et notamment du fichier d’électeurs que le PS a du constituer pour l’occasion. Le plus drôle, c’est que Copé ose parler de «flicage» — après avoir voté la LOPPSI, c’est gonflé —, et n’a pas l’air de savoir que le fichier électoral, comme le dit la CNIL, est accessible à tout parti politique à des fins de «prospection».

La question s’est déjà posée en janvier dernier, et le PS a fourni les mêmes réponses: tout est nickel. Nickel question procédures de déclaration, en revanche le sort de cette base de données après les primaires, et son exploitation pour l’élection en tant que telle, peut poser d’énormes problèmes. Je republie ci-dessous un billet de janvier 2011. Il était question du plan d’attaque du PS pour organiser ces primaires, détaillé par le menu dans un document de juin 2009 signé Terra Nova, le think-tank préféré du PS. Vous verrez comment les pontes socialistes s’émmerveillaient du «rêve orwellien» réussi par Barak Obama après sa victoire de 2008: «ficher l’intégralité du pays» grâce à «la technique du micro-targeting».

  • [Article original 24/01/2011]
  • Dans la ville de Martine Aubry, la tête de Türk s’appelle Eric Quiquet. Cet élu municipal, vice-président de la communauté urbaine (Lille Métropole – LMCU), est chargé des transports. Et depuis quelques temps, il a décidé de mettre le paquet sur les puces RFID — il en veut partout, pas simplement dans les transports, mais dans toute la « vie quotidienne » (bibliothèques, écoles, crèches, services publics). Alors bien sûr, comme Quiquet est un élu des Verts, il a toujours présenté sa frénésie comme « responsable »: il disait vouloir éviter que les gens soient tracés, tout devait être anonyme. Le régional de l’étape, Alex Türk, élu du Nord et président de la vénérable CNIL, avait donné sa bénédiction à la dissémination « citoyenne » de puces radio dans la métropole lilloise. Pourtant, le plan dévoilé en novembre dernier n’est pas du tout aussi inoffensif.  (suite…)

    Le 28 janvier, c’était la « 5ème Journée de la protection des données », organisée par la Commission européenne pour « sensibiliser » les usagers et « responsabiliser » les acteurs de cette grande foire mondiale des données personnelles. Pendant ce temps, la même Commission tente d’étouffer un débat autrement plus crucial: l’avenir de la directive « rétention des données », qui oblige à conserver les traces précises que tout utilisateur laisse derrière lui en empruntant tous types de réseaux (voix, données, web, mobile, etc.). Depuis 2006, c’est en effet obligatoire dans l’UE de stocker à des fins « préventives » une quantité incalculable de traces intimes qui concerne, au total, environ 500 millions de personnes. L’illégalité de cette mesure est flagrante, certains tribunaux l’ont déjà prouvé. Et selon des chiffres publiés par une ONG allemande, ça n’a eu aucun effet sur le taux de résolution des infractions constatées! Pourtant à Bruxelles, on affirme que «la rétention des données est là pour rester». (suite…)

    La semaine dernière, un élu UMP de l’Hérault, Arnaud Julien, a tenté de mettre un peu de sable dans la machine électorale du Parti socialiste. Il dit avoir saisi la CNIL pour clarifier le statut du fichier d’électeurs que le PS doit constituer pour ses « primaires populaires » en vue des présidentielles de 2012. Or, ficher les opinions politiques est impossible sans l’accord des intéressés.

    Pour Arnaud Montebourg, principal partisan et lui-même candidat à ces primaires, tout est nickel: «Voter, c’est un acte volontaire, consenti, un acte d’adhésion. Il n’y aura évidemment personne qui viendra voter contre son gré», a-t-il dit à l’AFP, précisant qu’il était «bien évident que la CNIL avait été préalablement consultée par le Parti socialiste». Reste qu’un rapport de la fondation Terra Nova, écrit en juin 2009 pour le compte du PS, cite en exemple la campagne de Barack Obama, qui a usé et abusé de fichiers inquisiteurs lors des élections de 2008.

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    Fiche-type du SIAO (extrait)

    La période de grand froid qui traverse le pays va sans doute améliorer l’efficacité des services de l’Immigration. Cet hiver est le premier à être placé sous le signe du SIAO — Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation, qui gère désormais, au niveau des départements, tous les aspects de l’hébergement social.

    Très récemment, dans le Nord, Marie-Christine Staniec-Wavrant, conseillère municipale de Lille chargée de la lutte contre les exclusions, a évoqué les demandes de la préfecture quant à l’origine et la nationalité des personnes prises en charge. Le problème ne se pose pas qu’à Lille. C’est un dispositif national qui se met en place. Gros problème: la finalité du fichier — répartir au mieux les personnes démunies en fonction des places disponibles — ne justifie en aucun cas que la nationalité des personnes soit mentionnée ou même exploitée à Paris.  (suite…)

    Rome, 22 décembre (© Amos Farnitano)

    Les dernières manifs étudiantes en Italie n’ont pas plu au Cavaliere. Après avoir échappé à une motion de censure mi-décembre, Berlusconi et ses ministres préparent une arme secrète qu’envieraient Sarko et sa bande à Paris. L’idée est d’appliquer à l’activisme politique et syndical le même traitement qu’aux tifosi, les supporters de foot.

    Depuis l’année dernière, pour écarter ses hooligans les plus violents — qui sont souvent les plus fachos —, Rome a mis en place une « carte du supporter » (tessara del tifoso), obligatoire pour se rendre au stade tous les dimanche. Pour l’obtenir, il faut d’abord montrer patte blanche: la police fouille dans ses fichiers et la moindre trace de violence aux abords d’un stade, même datant de plusieurs années, peut suffire pour lui refuser la carte.

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