Articles Tagués ‘frontières’

Fiche-type du SIAO (extrait)

La période de grand froid qui traverse le pays va sans doute améliorer l’efficacité des services de l’Immigration. Cet hiver est le premier à être placé sous le signe du SIAO — Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation, qui gère désormais, au niveau des départements, tous les aspects de l’hébergement social.

Très récemment, dans le Nord, Marie-Christine Staniec-Wavrant, conseillère municipale de Lille chargée de la lutte contre les exclusions, a évoqué les demandes de la préfecture quant à l’origine et la nationalité des personnes prises en charge. Le problème ne se pose pas qu’à Lille. C’est un dispositif national qui se met en place. Gros problème: la finalité du fichier — répartir au mieux les personnes démunies en fonction des places disponibles — ne justifie en aucun cas que la nationalité des personnes soit mentionnée ou même exploitée à Paris.  (suite…)

Me Aristide, en octobre devant le TGI de Pointe-à-Pitre (source UGTG)

C’est dans l’indifférence quasi-générale qu’une avocate guadeloupéenne, Sarah Aristide, a dénoncé, dans une lettre ouverte à Brice Hortefeux datée du 11 octobre, les pratiques inquisitrices et manifestement «illégales» de la Police aux frontières (PAF) de Guadeloupe. Pourtant, l’actualité est propice, en ce moment, à mettre son nez dans les fichiers policiers clandestins à visée ethnique — sorte de fichage au faciès.

Prenez par exemple le fichier « MENS » de la gendarmerie, visant à mots couverts les populations tsiganes et révélé par Le Monde et Rue89, preuves à l’appui. Un fichier qui n’a, bien sûr, jamais existé selon les autorités, non contredites par la CNIL. Prenez aussi cette autre base de données de la police des transports de la région PACA, révélée par le quotidien La Marseillaise, qui proposait de classer les contrevenants selon sept types de faciès ethniques. Dommage que les accusations de Me Aristide n’aient pas eu autant d’écho… Surtout que la PAF n’en est pas à son coup d’essai.  (suite…)

Ceux qui se plaisent à mettre en avant les «effets positifs» de l’empire colonial français chercheraient-ils à créer une nationalité à deux vitesses dans ses territoires d’outre-mer?

La question s’est posée au détour de l’examen de la loi Besson sur l’immigration, qui a éclipsé celui sur la LOPPSI-2 (reporté à la mi-novembre) en ce mois d’octobre. Un projet qui laisse libre cours aux idées nauséabondes des députés de la majorité. Au point que le ministre Besson, comme le rapporteur du texte à l’Assemblée, Thierry Mariani (un expert: c’est l’homme des « tests ADN » de la précédente réforme en 2007/08…), ont du siffler la fin de la récré devant des propositions si radicales. L’idée de Douillet serait de créer des maternités extraterritoriales en Guyane et à Mayotte… Pour qu’un enfant de clandestins ne soit pas automatiquement français à sa naissance. «Votre hôpital extraterritorial, l’a recadré Christine Taubira, députée de la Guyane, ce serait en fait un centre de rétention administrative à l’hôpital… Merci pour l’innovation !»

UPDATE 15/10 – En Guyane pas de pitié pour les étrangers maladesMerci M. Mariani.

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L’émission Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet sur France Inter était à Dunkerque (émission du jeudi 9/9) pour évoquer les faits d’armes d’une entreprise hautement citoyenne, Eamus Cork Solutions. Sortie de l’anonymat grâce aux limiers du Plan B (lire notre billet), cette société a décroché un gros marché avec les autorités française et britannique pour aller renifler dans les camions en instance vers l’Angleterre afin de repérer des migrants en détresse qui tentent de passer la Manche. Excellente occasion de narrer une nouvelle fois les aventures du patron de la boite, Patrick Guerbette, ex-flic des RG et écrivain illuminé à ses heures perdues, qui met en avant ses valeurs «éthiques» et son «humanisme» sur sa vitrine internet. Heureusement, le reporter Julien Brygo est allé traîner son micro dans les entrepôts de la compagnie, et recueilli les témoignages de salariés qui dressent un tout autre portrait de leur travail «humaniste».

nb: le reportage démarre à 12’43

UPDATE Vol groupés européens? Reportage de Pascale Pascariello à Roissy (Arte Radio, 14 sept)

Les étrangers en situation irrégulière vont à nouveau bénéficier du nec plus ultra technologique pour regagner leurs pays d’origine. Déjà une armada de systèmes biométriques et de bases de données les soigne au plus près, qu’ils soient demandeurs d’asile, titulaires d’un visa de séjour ou simples réfugiés en détresse. Ce nouveau fichier sera géré directement par FRONTEX, l’agence européenne des «frontières extérieures». Objectif: organiser des charters groupés et communs entre plusieurs pays de l’Union. En euro-novlangue, ça se nomme «opérations conjointes de retour par voie aérienne», ou JRO pour Joint Return Operations.

A priori, cet instrument concerne surtout les citoyens de pays tiers (hors UE) et n’est donc pas destiné aux Rroms que l’on expulse en masse de France — des Roumais et Bulgares en majorité, donc des citoyens de l’UE. Mais ça pourrait très vite le devenir, grâce à une Sainte alliance entre la France et l’Italie.

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Il y en a qui l’ont échappé belle! Au moment où la « sélection » 2010 des Big Brother Awards était déjà bouclée, Le Plan B — dans son numéro de mai-juin, qui sera le dernier, snif… — mettait en vedette une entreprise qui aurait bien mérité une petite nomination. Il s’agit d’une société de sécurité en contrat avec le Home Office, le ministère de l’Intérieur britannique: Eamus Cork Solutions (ECS). Une boite aux consonances british mais qui est 100% frenchy. Sa spécialité? La sécurité portuaire en général, et «la détection des migrants qui s’accrochent aux essieux des poids-lourds» en particulier, selon les termes bien choisis du Plan B. «Un outillage sophistiqué leur permet de déceler la présence d’un corps humain tapi dans les moindres recoins d’un semi-remorque: détecteurs de dioxyde de carbone, détecteurs de battements cardiaques, systèmes d’imagerie à ondes millimétriques… Le réfugié de pays éventuellement bombardés par la France ou ses amis (…) est ensuite remis à la PAF en vue de son expulsion».

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Branly, mort à 21 ans à Abidjan

Ça peut paraître provocateur, et pourtant non. La frénésie sécuritaire vient de faire, par ricochet, une vrai victime humaine: Branly Nsingi, un Congolais de 21 ans résidant en France, parti en vacances en Côte d’Ivoire au début de l’année. Il est décédé d’une crise cardiaque le 28 janvier 2010.

Au moment de prendre son vol de retour, à l’aéroport Houphët-Boigny d’Abidjan, impossible de partir. On lui rétorque que son passeport n’est pas «biométrique» et qu’il faut refaire ses papiers. Son passeport était pourtant valide jusqu’en… 2011. Il a pourtant quitté Paris avec. Mais ne rentrera jamais. Le Congo-Kinshasa, comme la plupart des pays, oblige désormais ses ressortissants à utiliser ces petites merveilles lors de tout séjour à l’étranger. Branly, raconte l’une de ses soeurs interrogée par Congolive.com, était tombé malade un peu avant son retour en France. Mais le temps a joué contre lui. Il aurait fallu 15 jours pour refaire son passeport. Il aurait sans doute pu rentrer à temps pour se soigner chez lui, en France. Il est décédé à son arrivée à l’hôpital d’Abidjan, sans pouvoir être ausculté. Le 28 mars, il aurait eu 22 ans. Depuis qu’il réside en France, c’est la première fois qu’il partait en Afrique. Une manifestation de soutien à sa famille était organisée la semaine dernière à Paris par des associations congolaises.

Les scanners corporels, qui font à nouveau la Une de l’actualité depuis le fameux attentat au «slip piégé», seront sans doute vite dépassés. Car la sécurité, c’est un concept global. Le géant frenchy des technologies militaro-policières, le bien nommé Thales Group (ex-Thomson-CSF, faut-il le rappeler) passe son temps à mettre au point des concepts sécuritaires comme les constructeurs automobiles multiplient les concept car. L’idée, c’est de lancer une mode, d’occuper le terrain dans des salons aussi obscènes que Milipol ou Eurosatory, ou dans la presse bien sûr — fascinée par la moindre nouveauté sur le marché de la surveillance technologique. Le dernier avatar de cette belle collection se nomme Hypervisor

«Citoyen, voici ta laisse. Et si d’aventure tu montrais les dents, sois sûr que l’hyper-viseur te tiendra en joue», résume Pièces et main d’oeuvre dans un texte .pdf publié le 11 janvier.  (suite…)

Les scanners qui vous dépoilent ont le vent en poupe depuis l’attentat raté du vol Amsterdam-Miami. En France on va tester le truc à Roissy illico.

En attendant, la Privacy Coalition (USA) lance une pétition (ci-contre) contre ces nouveaux engins indiscrets. Tout ça à cause d’un terroriste au slip piégé — lire par exemple dans Bug brother les propos éclairés de Bruce Schneier, un des derniers cyberpunks qui se respecte.

Les body scans fonctionnent avec des ondes millimétriques ou des rayons X, procédés qui n’ont pourtant pas encore été totalement exemptées de risques sanitaires: lisez le billet de Georges Maureas à ce propos.

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Tract pro RDA (dec 89) Belle petite prise, cet appel du 19 décembre 1989. « Pour le maintien de la souveraineté de la RDA, contre la liquidation générale et la réunification». Derrière le vieux relent d’Ostalgie, il y a pas mal d’arguments qui font mouche. Le mensuel marseillais CQFD, qui exhume ce bout de papier prémonitoire dans son numéro de novembre, rappelle notamment qu’en 89/90 la RDA était devenu un véritable laboratoire à l’Est pour tenter une «3ème voie» entre oppression marxiste et domination ultralibérale. Ils n’ont pas vraiment eu le temps de souffler, la réunification politique ayant été prononcée le 3 octobre 1990.

Quant à l’allusion à la «république bananière» (Bananenrepublik), ce terme n’a pas la même portée en France qu’à l’époque en RDA. Comme le rappelle ici l’hebdo Die Welt. le premier « luxe » pour un Ossie se rendant à l’ouest, c’était de se payer une banane, introuvable chez lui comme la plupart des fruits d’ailleurs. Et 20 ans après, qui s’est bien fait banané ?