Articles Tagués ‘précarité’

Fiche-type du SIAO (extrait)

La période de grand froid qui traverse le pays va sans doute améliorer l’efficacité des services de l’Immigration. Cet hiver est le premier à être placé sous le signe du SIAO — Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation, qui gère désormais, au niveau des départements, tous les aspects de l’hébergement social.

Très récemment, dans le Nord, Marie-Christine Staniec-Wavrant, conseillère municipale de Lille chargée de la lutte contre les exclusions, a évoqué les demandes de la préfecture quant à l’origine et la nationalité des personnes prises en charge. Le problème ne se pose pas qu’à Lille. C’est un dispositif national qui se met en place. Gros problème: la finalité du fichier — répartir au mieux les personnes démunies en fonction des places disponibles — ne justifie en aucun cas que la nationalité des personnes soit mentionnée ou même exploitée à Paris.  (suite…)

En Allemagne aussi les fichiers scélérats passent mieux dans l’opinion si on leur donne un doux nom aux consonnances féminines. ELENA, dixit le blog Les dessous de l’Allemagne, c’est un fichier national des «mauvais salariés» (Elektronischer Einkommensnachweis: «preuve électronique de revenus»). Nombres d’heures de grève, légitimité ou non de celles-ci, rappels à l’ordre, raisons d’un licenciement (faute grave, refus d’obéissance, inadaptation, etc.)

Comme avec notre prochaine usine à gaz (le RNCPS), la justification de ce beau fichier n’est ni le terrorisme ni la pédophilie, mais une « simplification » des démarches administratives, un « avantage » pour les salariés. C’est aussi pour leur bien-être qu’on va donc y recenser leurs tendances à revendiquer. Pas étonnant que ELENA ait déjà été distingué(e) par nos copains des BBA en Allemagne: en 2008 pour le fichier en tant que tel, et en 2009 pour le Dr. Ursula von der Leyen, ministre de la Famille, des séniors, des femmes et des jeunes (ouf).

Alex Türk a encore fait une sortie remarquée devant les députés de l’Office des choix technologiques, le 15 décembre à l’Assemblée. Le président de la CNIL a comparé notre société de surveillance à un régime pire que celui de la Stasi, la police politique de l’ancienne RDA. Pourquoi pire? «La situation était moins désespérée dans l’ancienne RDA dans la mesure où ses habitants connaissaient leur « big brother », à savoir la Staatssicherheit (STASI)». Osée, la comparaison! Hasard du calendrier: le lendemain paraissait au JO le décret d’acte de naissance du fameux RNCPS, le méga répertoire national de la protection sociale (déjà évoqué ici), qui va croiser les données des principales branches de la sécu (maladie, famille, retraites, accidents du travail), consultables par les agents de Pôle emploi, de l’Ursaff, ainsi que les services sociaux des régions et des départements! Outil majeur de la «lutte contre la fraude sociale», ce fichier met en forme, avec de pseudos aménagements de façade, le funeste projet Safari des années 70.  (suite…)

Tract pro RDA (dec 89) Belle petite prise, cet appel du 19 décembre 1989. « Pour le maintien de la souveraineté de la RDA, contre la liquidation générale et la réunification». Derrière le vieux relent d’Ostalgie, il y a pas mal d’arguments qui font mouche. Le mensuel marseillais CQFD, qui exhume ce bout de papier prémonitoire dans son numéro de novembre, rappelle notamment qu’en 89/90 la RDA était devenu un véritable laboratoire à l’Est pour tenter une «3ème voie» entre oppression marxiste et domination ultralibérale. Ils n’ont pas vraiment eu le temps de souffler, la réunification politique ayant été prononcée le 3 octobre 1990.

Quant à l’allusion à la «république bananière» (Bananenrepublik), ce terme n’a pas la même portée en France qu’à l’époque en RDA. Comme le rappelle ici l’hebdo Die Welt. le premier « luxe » pour un Ossie se rendant à l’ouest, c’était de se payer une banane, introuvable chez lui comme la plupart des fruits d’ailleurs. Et 20 ans après, qui s’est bien fait banané ?

Un documentaire de Jean-Robert Viallet et Christophe Nick, «La mise à mort du travail» (diffusé sur France 3, les 26 et 28 octobre), jette un froid chez les DRH alors que les suicides dans les entreprises ont supplanté la séquestration des patrons à la une des journaux. Dans ce méthodique portrait de la « machine travail », il est beaucoup question de souffrance, de harcèlement, de lavage de cerveau et de domptage des salariés.

Mais pour faire plus soft, on vous propose un extrait tendance « j’aime ma boite ». Bienvenue chez Carglass, le géant mondial de la réparation de pare-brises. Dans cette grande famille, tout le monde est super sympa. Heureusement que deux employés, en voix-off, nous dressent l’envers du décor. Ça nous fait penser au sujet que Pierre Carles a réalisé il y a quinze ans pour Strip-Tease sur Domino’s Pizza!

(suite…)

goodbadVictoire, le fisc affirme avoir donc identifié 3.000 comptes en Suisse, avec les noms et les montants, mais sans déclencher la moindre poursuite. On leur offre même le café s’il viennent se dénoncer. Au même moment, mais sans faire autant de bruit, le fichier du Revenu de solidarité active (RSA) commençait tout juste sa basse besogne. Pendant qu’on joue au poker avec une poignée de planqués pour amuser la galerie, on entreprend la plus vaste opération de fichage obligatoire et minutieux sur les populations les plus fragiles, le tout au service de la « solidarité active ». Ce mégafichier de (potentiellement) 4 millions de personnes (baptisé « @RSA » pour donner l’illusion de la modernité), a été créé par un décret du 18 juin 2009. Le bébé du soldat Hirsch s’est fait disséquer façon bouchère par un collectif de travailleurs sociaux.

(suite…)

Portrait d’un spécimen de la jeunesse dorée et baveuse de la génération Sarkozy (Un épisode de l’émission Strip-Tease signé Emmanuelle Machtou). Faites gaffe, on en vient à croire que ce sont des comédiens. Pour les plus incrédules, allez donc lire ce reportage complaisant mais tellement parlant du JDD (15/08/09) — titré « On finit souvent sans t-shirt ». A propos des préservatifs UMP, voilà ce qu’un « jeune pop » déclare au journaliste: «C’est super efficace pour engager la conversation», pouffe Pierre-Emmanuel, grand rouquin de 23 ans. On demande aux vacanciers s’ils veulent se protéger avec l’UMP et le tour est joué…» Plus loin: «Les soirées en boîte, c’est ce qui fait le cœur du mouvement», embraye Pierre-Emmanuel. «On finit souvent sans tee-shirt. Mais bon, c’est que des histoires d’un soir… Ben oui, on est des jeunes comme les autres…» Voir la vidéo ->> (suite…)

calaisliberteLe démantèlement de la fameuse zone appelée « la jungle », aux environs de Calais, est programmée «avant la fin de l’année». Ça risque de prendre du temps, puisque le ministre des Expulsions, Eric Besson, a déclaré vouloir effectuer cette basse besogne «dans la dignité» (sic). Ses « services » ont pris soin, fin juillet, de répandre la bonne parole suite à la seconde visite du ministre en moins de six mois. Deux documents vidéos permettent aujourd’hui de mieux comprendre le double jeu de l’Etat et d’Eric Besson. (suite…)

malodoreUn grand bravo à quelques citoyens modèles de la bonne ville de Toulouse. Le Canard enchaîné du 3 juin les salue bien bas en narrant leur petite histoire bien nauséabonde. Afin d’expulser des gens du voyage d’un terrain en construction, ils ont sorti des bombes de Gresyl. C’est tout simplement un désinfectant industriel utilisé dans les vide-ordures et parfois dans… des élevages d’animaux. Charmante attention de ces riverains aux mains propres, qui se sont eux-même baptisés «milice» car ils en ont «marre de ces gens qui véhiculent des maladies». Il est sans doute utile de rappeler qu’un produit précédent, le Super Gresyl, a été retiré du marché en 1994, après 10 ans de services, car il était hautement cancérigène — son successeur l’est aussi, mais un peu moins, même s’il est déjà interdit en Belgique et au Luxembourg (*). On espère vivement que le vent a su retourner vers nos «miliciens» toulousains quelques effluves empoisonnées.

Cette petite histoire est une très bonne occasion de rééditer un article écrit en 2008 pour l’Echo des savanes. Il s’agissait de présenter, à la manière d’un test comparatif, deux méthodes révolutionnaires pour expulser indigents, SDF ou jeunes glandeurs des cages d’escalier sans prendre la peine d’envoyer les keufs. Deux techniques, le bruit et l’odeur — cela vous rappelle-t-il quelque chose ?
(suite…)

(suite…)