Articles Tagués ‘RG’

Paris, 16 octobre (reuters)

C’est en effet la question cruciale qui nous brûle les lèvres après dix jours de spéculations, de démentis puis d’éléments probants visant à accréditer la thèse de la présence d’agents provocateurs de la police au sein des manifestations. Il ne s’agit pas seulement de dénoncer le rôle de policiers en civil « infiltrés » — officiellement pour repérer les « ultras » qui se mèleraient aux manifs pour casser du flic et des vitrines. Non, cette fois la question est plutôt de savoir si ces « infiltrés » ne jouent pas un double jeu au point de provoquer les affrontements.

Bernard Thibault (dans Libération mercredi) et Jean-Luc Mélanchon un peu plus tôt (rebelote mardi) ont repris ces accusations cette semaine. Mais surprise : le ministre Hortefeux ne veut pas porter plainte en diffamation. Pourtant le même premier flic de France a été moins timide cet été — sans que ça fasse la Une — en assignant deux sites internet qui avaient eu la facheuse idée de contredire la version officielle. C’était suite à l’affaire du braquage du casino d’Uriage, dans l’Isère, et de la révolte qui s’en est suivi dans un quartier populaire du sud de Grenoble. (suite…)

[Mise à jour indispensable ici] Souvenez-vous, en février 2009 un vent de fronde interne au Conservatoire des arts et métiers se levait au sujet de la création, sur mesure, d’une « Chaire de criminologie appliquée » pour le grand manitou de la sécurité intérieure Alain Bauer. Trois profs du CNAM avaient osé lancer une pétition et signé une tribune dans Le Monde pour s’étonner, entre autres choses, que les principes les plus élémentaires du CNAM en matière de recrutement aient été si ouvertement ignorées. C’était l’occasion de se pencher un brin sur le CV si épais de cet autre retourneur de vestes professionnel (passé par le PS, il est aujourd’hui proche de l’UMP)—cf nos archives.

Et bien quel n’est pas notre surprise d’apprendre que Bauer va changer de planète. Il doit annoncer lundi soir 8 février, lors de sa « leçon inaugurale » au CNAM, qu’il va abandonner (!) la plupart de ses fonctions dans de nombreuses commissions parapubliques, dont la présidence du « baromètre » du ministère de l’Intérieur, le fameux Observatoire national de la délinquance, rebaptisé « et de la répression pénale » (ONDRP). Plus fort: il devrait aussi larguer sa petite entreprise, AB Associates, créée en 1994, un cabinet privé de conseil en sécurité urbaine, dont le chiffre d’affaire, dixit l’AFP qui a sans doute vérifié, est en hausse constante depuis 2005, pour afficher 3,1 millions en 2008 (+ 26% sur un an!) pour une rentabilité nette de 20%! Il veut même lancer une Fondation pour conjuguer « sécurité » et « respect de l’individu ». Nous avons immortalisé la (vrai-fausse) dépêche AFP (.pdf) qui nous laisse pantois—on en viendrait presque à le féliciter!
[Mise à jour indispensable ici]

Touchée, coulée. Il y a six mois, une fragile embarcation prenait la mer, avec à son bord la députée PS Delphine Batho et son collègue UMP Jacques-Alain Bénisti. Il s’agissait d’une « sainte alliance » pour tenter d’obliger l’Etat à passer par la loi pour créer tout nouveau fichier policier. Souvenez-vous, c’était après la tempête Edvige, un fichier que le gouvernement a voulu passer en force, par décret, en juin 2008. L’esquif Batho-Bénisti devait terrasser l’ogre administratif: juré, craché, le fichage policier semblait un sujet bien trop sérieux pour être laissé à l’exécutif.

Résultat des courses? Batho semble avoir coulé corps et âme, victime d’un violent coup de rame. Déjà, le capitaine Hortefeux a mis tout le monde d’accord le 16 octobre dernier en intronisant par décret les 2 fichiers qui remplacent Edvige. Et tout récemment, Bénisti a fait passer un amendement qui va autoriser le gouvernement à zapper éternellement le Parlement lors de la création de tout nouveau fichier à vocation policière.  (suite…)

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Rebaptisez la CNIL: grand concours gratuit!

Cela fait une semaine qu’un concert de réprobation générale résonne d’un peu partout depuis que Brice Hortefeux a décidé de ressusciter l’esprit du fichier Edvige en créant ses soeurs jumelles aux acronymes beaucoup moins sexy, PASP et EASP. Le premier («prévention des atteintes à la sécurité publique») est le véritable successeur du FRG, le fichier des RG, et le second est son complément naturel pour alimenter les «enquêtes administratives» lors d’embauches «liées à la sécurité publique». Cette cacophonie a pourtant des airs de déjà vu. Avec, à la baguette, la très consensuelle CNIL — qu’il est grand temps de rebaptiser, d’où notre contribution à ce grand débat d’idées —, qui a joué sa partition sans fausse note. Sans oublier, dans le rôle de la grosse caisse, le Parti socialiste, qui crie au scandale sans vraiment convaincre.

MIS A JOUR (11/11):
Le président de la CNIL Alex Türk n’a pas apprécié
le ton de ce billet mais ne se risque pas
à répondre sur le fond — voir les commentaires.

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Manif anti-cagoule, le 21 juin à Paris

Manif anti-cagoule, le 21 juin à Paris

Le voilà, le fameux décret bânissant la «dissimulation illicite du visage à l’occasion de manifestations sur la voie publique». Il est daté du 19 juin, paru au Journal officiel du 20 (publié ici sur Legifrance).

C’est le président en personne, dans une grande envolée lyrique à propos des casseurs à capuche le 21 avril dernier, qui avait suggéré cette grande avancée démocratique, histoire de fustiger «ces soi-disant pacifistes venant avec des barres de fer manifester pour la paix». (suite…)

edvigecopsLe duo de choc. Delphine Batho, pro-ségolène et Mme Sécurité du PS. Et Jacques-Alain Bénisti, UMP, tendance « délinquance à repérer à la maternelle, voir dans les gènes si on peut ». Ils ont repris le dossier EDVIGE en main, ce fichier de suspicion pourlequel pas mal de monde se sont bougé l’an dernier — et qui va mettre la petite délinquance au régime sec du renseignement hardcore. Bref, ils ont écrit « leur » texte de loi, les députés, la carpe Batho et le lapin Bénisti. En lieu et place du décret d’Alliot-Marie. Est-ce mieux de faire une loi plutôt qu’un décret pour autoriser un fichier scélérat ?

Manque de bol, les opposants disent toujours non à ce fichier « EDVIGE 3 » — non au texte de loi, pas vraiment non au principe d’un fichier des RG… Ils ont quand même repéré quelques grosses perles qui nous convaincront une fois encore que le Parlement, même si c’est marqué dans la Constitution, ont du boulot pour défendre avec ténacité les libertés publiques.

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COMBIEN D’HEURES
DE GARDE A VUE
POUR CETTE PHOTO ?

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Le délit d’opinion n’existe pas, bien sûr. C’est encore trop crado pour que les politiques et leurs valets du privé—qui aiment aussi à museler les mécontents qui détournent leurs logos ou appellent au boycott de leurs produits—s’y adonnent ouvertement, alors il est de bon ton de nos jours de s’attaquer plutôt aux intermédiaires, aux relayeurs de la libre parole. L’affaire de Tarnac, comme celle d’autres personnes inculpées suite à des contestations un peu trop bruyantes, n’a pas révélé l’once d’une association de malfaiteurs à visées «terroristes». Mais en revanche, elle a mis à jour une concrète armée de l’ombre de pensées et d’écrits subversifs. Quand on ne peux pas juger des « ennemis intérieurs » sur pièces, sur des faits précis qui conviendraient à la loi, on s’en prend à leur idées, leurs déclarations, leurs prises de position — voire même leurs pancartes… Car ces écrits, aux yeux des robocops de l’antiterrorisme, relèvent «l’intentionnalité» d’un délit ou d’un crime possible, même si cette intention relève de l’imaginaire collectif. Ainsi, on applique avec un peu d’avance les préceptes du fichage « à la Edvige », c’est à dire qu’on surveille «l’environnement de la personne» afin de la fragiliser, sans pour autant apporter plus de preuves aux faits reprochés.

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Chirac Nukes The World Ce croquis date du début de l’été 1995. Vous vous souvenez, lorsque le Chi décide qu’il faut encore quelques champignons nucléaires pour peaufiner les dernières armes de la dissuasion de la France. 1995, Chirac vient d’être élu. Avant lui Mitterrand avait gelé le programme des essais nucléaires, alors forcément l’un de ses premiers gestes diplomatiques est donc de relancer la machine, pour une dernière campagne d’adieu. «Allez, laissez-nous faire encore quelques essais, ce seront les derniers, promis, et puis on arrête! Après on testera nos armes par ordinateur, était allé pleurer le président en direct sur CNN. Mais laissez nous exploser nos dernières bombes dans le Pacifique!»…

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Finalement, l’égalité républicaine semble se rétablir en Guadeloupe. Il n’y a en effet aucune raison que les cités des banlieues métropolitaines soient traités avec moins de tact que celles de Pointe-à-Pitre ou de Basse-Terre. Principe immédiatement mis à exécution, visiblement, vendredi 20 février à 6h30 dans un HLM de la cité Henri-IV de Point-à-Pitre. Une interpellation organisée dans le cadre de l’enquête sur la mort par balles, en début de semaine, du syndicaliste Jacques Bino.

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D'autres images sur 100% Sarko (cpolitic.com)

Le 16 octobre, Nicolas Sarkozy a porté plainte contre Yves Bertrand pour « atteinte à la vie privée », « faux, usage de faux et recel » et « dénonciation calomnieuse ».

Le président est-il donc outré d’avoir été espionné comme un voyou par l’ex-boss des RG Yves Bertrand? L’espionnite aigüe d’un grand flic envers une « personne physique ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique » serait donc un scandale?

Comment ne pas faire le rapprochement entre les morceaux choisis des fameux « carnets noirs » de Bertrand — mémoire sélective puisque seules les notes prises jusqu’en 2003 ont fait l’objet de cette exhumation — et la volonté du gouvernement de créer les fichiers Edvige (« Edvirsp » dans sa version 2.0) et Cristina ?

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