«Rien n’est plus beau qu’un rassemblement populaire, des gens qui y croient, qui se battent et qui veillent, qui ne sont pas dans les salons et qui disent la vérité. Je trouve ça très beau.»
Ainsi s’est émerveillé le photographe mondain François-Marie Banier en se noyant dans la masse pendant la manif du 7 septembre à Paris. Le héros tragédien de l’affaire Bettancourt est accusé d’avoir détroussé l’héritière de L’Oréal d’un bon paquet de millions (résumé de l’affaire en cours et dernier scoop de Mediapart). Ce 7 septembre, il est venu respirer la France d’en bas avec son solex, son boitier Nikon et ses fringues déchirées. Surréaliste. [MIS A JOUR: les photos en or de Môsieu Banier]
Plus bas, un journaliste lui demande «Vous les soutenez [les manifestants]?» Réponse: «… En tous cas je les illustre et… C’est ça qui est la vie de la France [ou l’avis?], c’est ça qui est la vérité. C’est pas ce que vous lisez dans les magazines…» (iTele, BFM TV, montage lepost.fr)
Le syndicaliste qui le traite de «crapule» se justifiera ensuite avec délectation (ci-dessous, CAP 24). Il s’agit de Dominique Malvaux, de Sud Rail, qui s’était fait connaître en janvier 2009 au cours d’une longue grève qui avait paralysé sa gare St Lazare pendant plus d’un mois.
Pourquoi avoir interpellé M.Banier?
« C’est un individu peu important en fait. C’est lui qui a fait le premier geste en nous prenant en photo. Je suis aussi un peu photographe. Mais son appareil doit valoir une fortune. Alors, un type comme ça sur une mobylette avec un jean déchiré, ça interpelle. »
L’affaire Bettencourt, la réforme des retraites, c’est lié pour vous?
« Ma mère gagne 400 euros par mois. Mais ça aurait été n’importe quel type bourré de fric, on l’aurait interpellé de la même façon. C’est un symbole qu’on a là ».Et la présence des caméras, ça a joué?
« Avec ou sans caméras, on aurait agi pareil. »Une fois les caméras éteintes, que s’est-il passé? D’autres personnes l’ont reconnu?
« Il est parti assez vite. Sinon on lui aurait fait comprendre qu’il devait partir. On n’est pas violent, on ne l’aurait pas frappé mais on lui aurait fait comprendre qu’il devait s’en aller ».
Le plus obscène dans cette histoire, c’est que ce soi-disant «photographe» a donc profité de cette liesse populaire pour se faire du beurre. Lui qui n’a jamais fait que des natures mortes en studio sait très bien négocier ses talents. Non content d’avoir bénéficié de la veuve Bettancourt d’une série de dons généreux (dont des toiles de maître pour plus de 20 millions d’euros), Banier a refourgué à Liliale deux séries de photos à des prix ahurissants, comme l’a révélé Marianne le 11 septembre (ci-contre).
«Les experts du marché de l’art (…) savent que les photos de Banier s’échangent rarement au dessus de 600€ l’unité», indique l’hebdo. Bettancourt, bonne poire, a quand payé 53 de ses clichés pour 1,5 million d’euro. Clichés que l’héritière argentée a ensuite léguées à la Maison européenne de la photo (MEP) à Paris. 29.000€ la photo en moyenne: un bon prix pour rentrer au musée… Si, dans quelques temps, des syndicalistes se reconnaissent sur des photos de Môsieur Banier vendues aux enchères chez Sotheby’s, ce sera trop tard pour faire jouer son droit à l’image.
Et on apprendra ensuite, le 20 septembre, que l’escroc mondain avait un contrat en or avec… le groupe L’Oréal! Merci Liliane. Plus de 700.000 € par an pour faire sa promo et donner des conseils de mode. Mais qu’est-ce qu’il est allé foutre dans cette manif??