Articles Tagués ‘insécurité’

Depuis 2007 le gouvernement multiplie les mesures paternalistes et autoritaires pour éradiquer la délinquance. Le texte le plus exemplaire est celui de mars 2007, la loi de prévention de la délinquance (LPD), que Sarkozy a mis près de 5 ans à mijoter, dès son entrée en fonction au ministère de l’Intérieur en mai 2002. Plus de quatre ans après le vote de ce texte, c’est le cafouillage total. Le mouvement Antidélation, un réseau de travailleurs sociaux qui s’est battu contre ce texte tout au long de sa gestation, a dénoncé fin juillet les faux semblants des mesures de la LPD.

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Les services de l’Education nationale seraient-ils en pleine communication de crise? Il semble que le ministère encourage les académies à rappeler à leurs correspondants certaines « consignes de sécurité ». Rien à voir avec une nouvelle marque d’extincteur. Ça concerne plutôt la protection des accès aux fichiers informatisés des élèves.

Témoin, cette lettre des services informatiques du rectorat de Nantes, qui coiffe les inspections académiques de 5 départements des Pays de la Loire, envoyée par mail aux « utilisateurs-otp » vendredi 20 mai. Il est question de la société RSA et de son petit gadget, la fameuse « clé OTP », qui sert de sésame électronique à toutes les écoles de France pour se « brancher » sur ses fichiers d’élèves. […] Alors que de nouvelles failles de sécurité de données commerciales font grand bruit dans la presse — l’affaire TMG, sous-traitant de l’agence Hadopi, ou encore ces 35 millions de profils Google à poil sur internet —, que faut-il faire pour que les informations nominatives de millions d’enfants fassent l’objet d’autant de sollicitudes?

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La nième loi sur la sécurité intérieure (LOPPSI-2), dont l’examen en 2ème lecture à l’Assemblée a été repoussé à la mi-novembre, fait un beau cadeau aux entreprises privées de sécurité. Ce n’est pas une surprise, mais l’objectif numéro un des restrictions budgétaires dans la sécurité publique est de multiplier le recours aux technologies, sans aucun gage d’efficacité, tout en ouvrant un boulevard aux big boss de l’industrie sécuritaire.

Apparu en séance le 9 septembre au Sénat, un amendement du gouvernement (387 rectifié) a créé le CNAPS, le «Conseil national des activités privées de sécurité». Et c’est Brice Hortefeux qui l’annonce aux Sénateurs, sans se cacher: «Je vous le précise, c’est à la demande des entreprises elles-mêmes que nous formulons cette proposition, qui va, me semble-t-il, dans le bon sens.» En attendant, le porte-flingue de l’UMP Eric Ciotti a déjà proposé des amendements que lui ont été soufflé par les principaux lobbies du secteur, comme le Syndicat national des entreprises de sécurité (SNES), une branche du MEDEF. (suite…)

La Villeneuve, 16 juillet (source daubé)

Le 30 juillet le président Sarkozy en personne viendra à Grenoble non pas pour inaugurer un pôle high-tech ou une nouvelle patinoire olympique, mais pour introniser le nouveau préfet de l’Isère. L’ancien a été sacrifié après les récentes émeutes de la Villeneuve qui ont suivi la mort d’un jeune braqueur et le bouclage intégral du quartier par les robocops de la police française. La dernière livraison du site Pièces et main d’oeuvre (La Villeneuve, c’est la technopole), qui connaît bien la région, met en exergue une citation du maire Michel Destot piochée dans Le Monde: «Nous avons été les pionniers dans de nombreux domaines, nous pouvons désormais l’être dans le traitement de ce nouveau fléau qu’est celui de la délinquance urbaine».

Inquiétant de voir le premier édile de Grenoble, lui même ingénieur et docteur en physique nucléaire, vouloir utiliser ce quartier Sud de la ville comme un laboratoire. La Villeneuve, il se trouve que l’auteur de ces lignes y a passé une partie de son enfance, dans les années 70. Et le côté « expérimental » de ce quartier n’avait encore rien à voir avec un quelconque traitement scientifique de la délinquance. (suite…)

Le sociologue Laurent Mucchielli a commis une courte mais saillante analyse (.pdf) des propos du chroniqueur Eric Zemmour sur l’origine ethnique des «trafiquants» de drogue («Les Français issus de l’immigration (sont) plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… C’est un fait!»).

Le fait que cette saillie — montée en épingle par Ardisson, dans son émission sur Canal+, diffusée en différé — ait été reprise à son compte par un magistrat comme Philippe Bilger (avocat général à la cour d’assises de Paris!) n’a fait qu’amplifier ce raccourci. Voyons cela de plus près.  (suite…)

[Mise à jour indispensable ici] Souvenez-vous, en février 2009 un vent de fronde interne au Conservatoire des arts et métiers se levait au sujet de la création, sur mesure, d’une « Chaire de criminologie appliquée » pour le grand manitou de la sécurité intérieure Alain Bauer. Trois profs du CNAM avaient osé lancer une pétition et signé une tribune dans Le Monde pour s’étonner, entre autres choses, que les principes les plus élémentaires du CNAM en matière de recrutement aient été si ouvertement ignorées. C’était l’occasion de se pencher un brin sur le CV si épais de cet autre retourneur de vestes professionnel (passé par le PS, il est aujourd’hui proche de l’UMP)—cf nos archives.

Et bien quel n’est pas notre surprise d’apprendre que Bauer va changer de planète. Il doit annoncer lundi soir 8 février, lors de sa « leçon inaugurale » au CNAM, qu’il va abandonner (!) la plupart de ses fonctions dans de nombreuses commissions parapubliques, dont la présidence du « baromètre » du ministère de l’Intérieur, le fameux Observatoire national de la délinquance, rebaptisé « et de la répression pénale » (ONDRP). Plus fort: il devrait aussi larguer sa petite entreprise, AB Associates, créée en 1994, un cabinet privé de conseil en sécurité urbaine, dont le chiffre d’affaire, dixit l’AFP qui a sans doute vérifié, est en hausse constante depuis 2005, pour afficher 3,1 millions en 2008 (+ 26% sur un an!) pour une rentabilité nette de 20%! Il veut même lancer une Fondation pour conjuguer « sécurité » et « respect de l’individu ». Nous avons immortalisé la (vrai-fausse) dépêche AFP (.pdf) qui nous laisse pantois—on en viendrait presque à le féliciter!
[Mise à jour indispensable ici]

videomirageFinalement on l’a eu, le fameux rapport sur «l’efficacité de la vidéprotection» rédigé par l’Inspection générale de l’administration (IGA), celles de la police (IGPN) et de la gendarmerie (IGN). Il n’est plus «fantôme» depuis la mi-septembre, nous nous le sommes procuré, et le ministère de l’Intérieur vient tout juste, trois mois après sa sortie, de le communiquer à tout le monde. Pour les curieux, le voilà prêt-à-imprimer. Mais ceux qui en ont fait le mieux la publicité, ce sont deux sociologues, certes depuis longtemps plutôt critiques à l’égard de la frénésie des réseaux CCTV à la française: Tanguy Le Goff et Eric Heilmann, dans une note de synthèse publiée fin septembre («Un rapport qui ne prouve rien»), découpent à la machette le travail si minutieux des trois corps d’inspection, en dénonçant notamment l’absence totale de méthodologie. Bref, un rapport «aux ordres» qui ridiculise une nouvelle fois la place Bauveau, pris la main dans le sac d’avoir maquillé des preuves avec préméditation. (suite…)

malodoreUn grand bravo à quelques citoyens modèles de la bonne ville de Toulouse. Le Canard enchaîné du 3 juin les salue bien bas en narrant leur petite histoire bien nauséabonde. Afin d’expulser des gens du voyage d’un terrain en construction, ils ont sorti des bombes de Gresyl. C’est tout simplement un désinfectant industriel utilisé dans les vide-ordures et parfois dans… des élevages d’animaux. Charmante attention de ces riverains aux mains propres, qui se sont eux-même baptisés «milice» car ils en ont «marre de ces gens qui véhiculent des maladies». Il est sans doute utile de rappeler qu’un produit précédent, le Super Gresyl, a été retiré du marché en 1994, après 10 ans de services, car il était hautement cancérigène — son successeur l’est aussi, mais un peu moins, même s’il est déjà interdit en Belgique et au Luxembourg (*). On espère vivement que le vent a su retourner vers nos «miliciens» toulousains quelques effluves empoisonnées.

Cette petite histoire est une très bonne occasion de rééditer un article écrit en 2008 pour l’Echo des savanes. Il s’agissait de présenter, à la manière d’un test comparatif, deux méthodes révolutionnaires pour expulser indigents, SDF ou jeunes glandeurs des cages d’escalier sans prendre la peine d’envoyer les keufs. Deux techniques, le bruit et l’odeur — cela vous rappelle-t-il quelque chose ?
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lazonabythalesOn peut toujours chercher parmi les sponsors du dernier film de Rodrigo Pla, La Zona, vous ne verrez pas le groupe Thales (meme en trichant un peu). En revanche ils s’occupent très bien du service après-vente.

Le groupe français, géant mondial des gadgets pour la sécurité intérieure, vient de signer un contrat avec la ville de Mexico. Le film raconte la cruelle vie de riches habitants d’une petite zone de lotissements surprotégée — une de ces gated communities, importées d’où vous savez —, armée de miradors vidéos et dotée d’une bonne petite milice privée qui préfère arroser les keufs que de s’emmerder avec la loi. Thales, lui, a quelques idées de scénarios à refourguer autour du concept de « Ville Sûre ». Ce truc de « Ciutad Segura », c’est le nom d’un projet très sérieux monté par la ville de Mexico, avec comme architectes industriels Telmex, le France Tel local—et nos nouveaux amis de Thales. (suite…)

dsc01086bAlors la voilà, la fameuse étude du siècle sur la vidéosurveillance, celle qui va enfin réconcilier sceptiques et convaincus à propos de la réelle efficacité des caméras déployées sur la voie publique pour éradiquer la délinquance. C’est un article du Figaro qui nous l’apprends: «La vidéosurveillance fait chuter la délinquance de rue». A l’appui de cette thèse, un rapport du ministère de l’Intérieur. Un rapport qui n’a pas été rendu public mais qui fait déjà beaucoup parler du côté des convaincus: «L’intérêt opérationnel de la vidéoprotection n’est plus à dé­mon­trer», (Christian Sonrier, directeur de la Sécurité publique, Hauts-de-Seine). «Les caméras sont devenues une aide à l’enquête, au même titre que l’ADN» (un officier de police). Accablant! Mais pas très fiable, les chiffres, hein, car mardi l’article était titré: «Deux fois moins d’agressions grâce à la vidéosurveillance». Finalement, après ce titre corrigé, elle «chute», la délinquance, mais on ne sait plus de combien ! (suite…)